Sermon pour la fête de l’Exaltation de la Sainte Croix

Sermon pour la fête de l’Exaltation de la Sainte Croix.
Métropolite Antoine de Souroge.
Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
Aujourd’hui, nous vénérons la Croix du Seigneur avec émerveillement et gratitude. Comme il y a deux mille ans, la Croix du Seigneur demeure une pierre d’achoppement pour certains, une folie pour d’autres, mais pour nous, croyants et sauvés par la Croix du Seigneur, elle est force, elle est la gloire du Seigneur.
La Croix du Seigneur est terrifiante : elle est l’instrument d’une mort cruelle et atroce. L’horreur même qui nous saisit lorsque nous contemplons son instrument devrait nous apprendre la mesure de l’amour du Seigneur. Le Seigneur a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique pour le sauver. Et ce monde, après l’incarnation du Verbe de Dieu, après la vie terrestre du Christ, après qu’il a proclamé l’enseignement divin à tous les peuples, et après qu’il a confirmé et prouvé la prédication de l’amour par une mort sans malice, une mort exempte d’un seul instant de résistance, de vengeance ou d’amertume – après tout cela, notre monde n’est plus le même. Son sort n’est pas tragiquement terrifiant et douloureux devant le jugement de Dieu, car Dieu lui-même est entré dans ce destin du monde, car ce destin, notre destin présent, a uni Dieu et l’homme.
Et la Croix nous révèle combien l’homme est cher à Dieu et combien cet amour est précieux. L’amour ne peut être répondu que par l’amour – l’amour ne peut être racheté par rien d’autre.
Nous sommes donc confrontés à une question, une question de conscience pour le présent, qui deviendra en temps voulu la question que le Seigneur nous posera au Jugement dernier, lorsqu’il se tiendra devant nous non seulement dans sa gloire, mais aussi blessé pour nos péchés. Car le Juge qui se tiendra devant nous est le même Seigneur qui a donné sa vie pour chacun de nous. Que répondrons-nous ? Devrons-nous vraiment dire au Seigneur que sa mort était vaine, que sa croix était inutile, que lorsque nous avons vu combien le Seigneur nous a aimés, nous avons manqué d’amour réciproque, et que nous lui avons dit que nous préférions marcher dans les ténèbres, que nous préférions nous laisser guider par nos passions, par nos convoitises, que la voie large de ce monde nous est plus chère que le chemin étroit du Seigneur ? Tant que nous vivons sur terre, nous pouvons nous leurrer en pensant qu’il est encore temps. Mais c’est faux : le temps est terriblement court. Notre vie peut s’achever en un instant, et alors commencera notre comparution devant le tribunal du Seigneur, et alors il sera trop tard. Mais maintenant, il est temps : il n’y a du temps que si nous transformons chaque instant de notre vie en amour ; ce n’est qu’en transformant chaque instant de notre vie en amour pour Dieu et pour chaque personne, qu’elle nous plaise ou non, qu’elle soit proche ou non, que notre âme mûrira pour rencontrer le Seigneur. Regardons la Croix. Si un proche mourait pour nous et à cause de nous, notre âme ne serait-elle pas profondément bouleversée ? Ne serions-nous pas transformés ? Alors, le Seigneur est mort : pouvons-nous rester indifférents ? Inclinons-nous devant la Croix, mais pas seulement un instant : inclinons-nous, inclinons-nous sous cette Croix, prenons-la sur nos épaules, du mieux que nous pouvons, et suivons le Christ, qui nous a donné l’exemple, comme il nous le dit lui-même. Alors, nous nous unirons à lui dans l’amour, alors nous serons vivifiés par la Croix majestueuse du Seigneur, et alors il ne se tiendra pas devant nous pour nous condamner, mais pour nous sauver et nous conduire à la joie infinie, triomphante et victorieuse de la vie éternelle. Amen.